Le blog de Petite Pépée

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Que veulent les femmes ?

 " Petite, je trouvais ma mère belle. Etre une femme, c'est d'être belle. Même en jouant à la marelle, même en s’accouplant, même en enfantant, c'est toujours d'être belle. C'est un sort atroce parce que la beauté est à l'abri de toutes les révolutions. Pour être libre, il faut faire la révolution. Les femmes ne seront jamais libres. Les mères seront toujours la première prison des filles. " Nelly Arcan

 

Souvent je me suis posée la question : Que veulent les femmes ? Cette question, je ne me la suis pas posée de façon innée, mais  par procuration, par l'intermédiaire de la plupart des films que j'ai regardés. Je me la suis posée parce que partout, elle émergeait de toutes les couches sociales. Je me la suis posée parce qu'on m'avait cité Freud et parce que j'avais écouté beaucoup d'hommes, de ceux qui ne comprenaient pas les femmes, comme si, me disais-je alors, il y avait vraiment quelque chose à comprendre.

 

Alors, le miroir figé devant moi, je regardais mon sexe de travers et je lui disais : Que veux-tu ? Au fil des années, le continent " noir " qui se dessinait dans ma tête ressemblait de plus en plus à un réseau sans fin, dont les ramifications prenaient la forme des questions les plus diverses. Suis-je une mère ou bien suis-je une femme, suis- je une fille bien, ou suis-je une salope ? Est-ce que je peux baiser vraiment, ou ai-je besoin de sentiments ? Ai-je besoin de  " faire l'amour " ? Est-ce que je veux être la plus belle, ou est-ce que je m'en fiche, est-ce que je veux être étalée devant tout le monde et être valorisée pour mon cul, ou bien ai-je envie d'être la plus intelligente, la plus brillante, au détriment des courbes exigées par mon sexe ? C'est à l'aurée de ces étranges questions, c'est en partant ainsi dans tous les sens que je me rendis compte que jamais je n'avais de réponse définitive, de réponse qui aurait pu clouer le bec des phallocrates. Je sus alors que tout se contredisait en moi, jusqu'à la peur séculaire d'être jugée et insultée pour être libre et qui bravait sa petite soeur : la peur d'être brimée, voilée, enfermée dans une cuisine.

 

Les femmes veulent tout, et tout est de leur faute, voilà ce que j'en ai conclus après des années de complexes. Les femmes veulent tout, et c'est pour cela qu'elles assument leur " double journée". Elles ne veulent rien laisser, elles ne veulent rien perdre. Elles ne veulent pas perdre leurs avantages d'antan, mais elles ne veulent plus en assumer les contraintes. Elles veulent le pouvoir en même temps qu'elles ont le besoin de se soumettre, et ce malgré quelques féministes notoires qui ont eu le cran de tout abandonner, jusqu'au moindre signe de séduction. Les filles comme moi, en tout cas je fais partie de ces filles -là , n'ont pas du tout le  tempérament d'une Elisabeth Badinter. Je suis évidemment contente de pouvoir m' instruire, d'avoir accès à l'argent, à la contraception, à l'avortement, et même au travail . Je peux profiter des avancées vers la liberté pour mon rang. Mais j'ai peur d'être traitée de salope, je me pèse avec angoisse, je veux faire des efforts pour plaire, je rêve un jour ou l'autre d'avoir un enfant, ou une de ces choses-là.  Je ne pense pas être la seule ainsi.Toujours en nous, quels que soient nos désirs de gloire, de vengeance, nous jouissons de la servilité aux hommes. C'est au creux des chambres, sous les replis des draps, les cris de plaisirs étouffés par la main des hommes sur ma bouche, que j'ai su que la domination était un vrai plaisir, qu'il y avait un destin à être manipulée, et que mon être féminin, muselé dans le cadre dur des hommes, pouvait au mieux se révéler. L'hystérie plaquée sous le muscle, sous la forme dominante de ceux qu'autrefois on appelait sans complexe " le sexe fort ", pouvait s'apaiser. Souvent, les hommes, qu'ils soient plutôt durs ou plutôt de braves types, m'ont emmené au frontière des douleurs, et leur force rassurante me ramenait à ma position confortable de " femme ".

 

Plaire à un homme, symbole de tous les hommes, voilà ce qui expliquerait pas mal de choses ... Sinon, pourquoi être mannequin, pourquoi s'acheter des crèmes de beauté, pourquoi faire régime ? Pourquoi dire aux hommes que nous estimons ne pas être à la hauteur : " Sois un homme ". Et que veut dire être un homme, sinon, avoir le pouvoir ? Plaire à un regard et être habillée par ce regard, voilà ce que veulent les femmes, voilà ce que les hommes ne peuvent pas comprendre parce que quelque fois, ce besoin de plaire nous emprisonne tant que nous tentons de nous en libérer pour, de toutes façons, tôt ou tard, y revenir. Sinon, pourquoi être la muse de quelqu'un, pourquoi poser nue, pourquoi aimer jusqu'à la déraison des hommes violents, macho et plaquer de braves gars aimants et raisonnables ?

 

J'ai beau souhaiter pour moi le meilleur, je ne pourrais jamais abandonner nulle part, accroché au  porte- manteau d'un couloir, ma robe de femme, celle qui fut confectionnée par ma nature, mais aussi par les plus grands couturiers de l'histoire. 

 

 



23/11/2013
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