Peau d'âne
Pour échapper aux rêves de mon père
Il aurait fallu que ma mère ne soit pas mienne
J'en aurais perdu jusqu'à la peau.
Quelques fois, enfant, on m'emmenait près d'un âne qui chiait de l'or,
Cet âne était comme mon âme : il était doux et têtu.
J'entendais ses hennissements comme des pleurs de cristaux.
Dans la cour, tout le monde se jetait sur ses crottes puisqu'elles étaient d'or,
Et que l'or n'avait pas d'odeur.
J'aimais qu'on me conduise à l'âne, enfant.
Tout le monde n'aimait que son cul sans penser à son système digestif,
Dont l'alchimie était divine et inconnue...
Personne ne soupçonnait qu'on ne sonde pas l'innocence,
Et qu'on ne perce à jour, jamais, ce qui fait la richesse...
Âne
Ta peau protectrice, suintante, familière
Me protégeait des robes de princesses et de toutes les ressemblances.
Tu me permis, mort,
La gestation ultime,
Qui me fit échapper à l'innomable.
Et lorsque le jour mûrit
Mon père, enfin, perdit tout :
Il obtint de moi tout ce que je pouvais lui donner :
d'être, simplement, ta fille.
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