Le blog de Petite Pépée

Le blog de Petite Pépée

Texte/Sexe


DODO

Ce texte est issu des souvenirs d'un vieux porno des années 80 que j'ai regardé lorsqu'avais 15 ans, ou peut-être moins...

I.

1.

Lorsque mon père est venu me chercher, je ne m'attendais à rien. Je savais seulement que j'allais partir du couvent où je fus, pendant toute mon enfance, plutôt  bien avec les soeurs. Les jours s'étaient  écoulés calmement, les heures avaient défilé, l'une sans faire plus de bruit que l'autre, sans anicroche aucune.

Peu avant que mon père vienne me chercher, le matin et le soir, je faisais ma prière. J'aimais prier plus particulièrement la Vierge Marie, parce qu'il me manquait  depuis mon enfance une mère, ma naissance ayant provoqué la mort de la mienne. J'aimais les sœurs, mais elles me semblaient parfois aussi rêches que les draps dans lesquels je dormais, et aussi grises que souvent le sont les cieux à Paris. Aussi, parfois, me semblaient-elles tourmentées par quelque chose que je n'arrivais pas à nommer mais qui les prenait toutes entières, et je pressentais  que cette chose n'avait pas grand chose à voir avec D-ieu.  C'est pourquoi, la Vierge de pierre qui, demeurait dans ma chambre , et  qui chaque jour, sans se fatiguer, tenait son éternel bébé dans les bras, me semblait être la Seule vers qui je pouvais tourner mes espoirs et mes manques. Tous les mois, je recevais une lettre de mon père. Jamais il ne venait me voir, il n'avait pas le temps. Il me disait qu'il était un homme d'affaires très occupé, un homme d'affaires qui travaillait dans un monde d'affaires très particulier, un monde où il n'y avait ni bonnes sœurs ni enfants, un monde au delà du monde connu de ceux qui prient le matin et le soir une Vierge en espérant recevoir un peu d'amour. Quelquefois, mon père me faisait apporter des colis. Une nouvelle robe collé monté, et aussi quelques fleurs pour les soeurs. Un jour, il fit même l'acquisition d'un appareil photographique. Mon père voyageait beaucoup. Depuis, chaque courrier m'apportait sa part de paysage. Je découvrais le vaste monde de ma seule chambre.  Je voyageais alors sans bouger et il me semblait que c'était bien assez pour moi. Ma vie, je voulais la consacrer à Dieu, même si je n'étais pas tout-à-fait sûre d'y croire. Il faut dire que D-ieu était mon seul paysage et mon seul ancrage. Un monde sans mère, sans père et sans amour, quels que fussent les paysages qu'il aurait put comporter, ne m'intéressait pas tellement. Seul le Ciel, pour moi avait de l'importance.

 

Un soir, une Soeur est venue se confier à moi. Bien-sûr, elle était rentrée dans ma cellule en prétextant avoir quelque attention à mon égard, mais elle paraissait si tourmentée, que je sus qu'elle venait pour elle-même. J'étais assise à mon bureau, face à la fenêtre, occupée à regarder le jour s'endormir doucement dans les arbres, ma petite Vierge Marie à côté de moi. J'étais bien. Mais soeur Marie-Thérèse jeta un regard froid vers ma petite vierge, et elle dit ces mots :

- " Cette femme n'a rien à voir nous, aussi voilées que nous sommes. Aucun péché, aucune tentation, aucun serpent ne peuvent avoir raison de Marie. Oh ma fille ! Nous sommes toutes  perdues ! Si tu savais ce que cela peut être, d'être une femme que la tentation tente vraiment ! Si tu savais ce que c'était que de vouloir un Homme du plus profond de son ventre !  De se réveiller toutes les nuits le corps désespérément ouvert pour l'Homme, plein de la transpiration du diable, le souffle haletant, et le coeur fermé aux voix impénétrables du Seigneur ! Si notre Vierge Marie n'a jamais connu cela... Pire ! Si elle a connu cela mais qu'elle a résisté, alors ce n'est pas une sainte, non, c'est un monstre ! Oh ma fille ! Dans quelques jours, tu auras 16 ans. Ton père viendra te chercher et il t'arrachera à cette vie à laquelle tu te destines. Ton père veut te faire découvrir le monde ! Aussi, je veux te donner ce conseil : Fuis ! Fuis ma fille ! Fuis le couvent et rejoins ton père ! Fuis les sœurs et fuis ce vœu que tu t’apprêtes à faire. Rien n'est aussi bon pour une femme que de vivre sa vie de femme ! "

Et puis, elle se mit à pleurer sur mes genoux.

 

Au couvent, il se disait des choses sur Marie-Thérèse. Il se disait qu'elle voyait régulièrement un homme, un prêtre, et que tous les deux se livraient au péché de chair. A vrai dire, c'était le sujet de conversation préféré des Soeurs, qui, entre deux Notre père, aimaient à parler de Soeur Marie-Thérèse et de son confesseur. Chaque fois que je voyais les Soeurs parler, il me semblait voir s'échapper un serpent de leur bouche. Je voyais dans leurs yeux de la haine, mais aussi une jalousie qui  déformait leur visage. Aussi, petit à petit, je n'eus plus aucune estime pour ses femmes qui passaient leur vie à médire , et qui n'avait aucune compassion pour une  âme égarée. Je sentis en moi une haine sans pitié grandir de plus en plus , et finalement, je me réjouis que mon père vienne me chercher bientôt pour me délivrer de mes mauvais sentiments.

Ce fut la première leçon de ma courte vie : au coeur des plus grands lieux de piété peuvent fleurir la haine, l'envie et la jalousie. Dans la salve des prières adressées à une Vierge, peuvent germer les grains de la désespérance et de la folie. Toute une vie à apprendre Dieu et à le prier échoue parfois à acquérir en soi de la bienveillance envers son prochain. Aussi, plus les jours passaient, et plus je m'inquiétais pour mon avenir. Si dans un tel endroit, l'on pouvait être aussi mauvais que les Soeurs l'étaient avec Soeur Marie-Thérèse, qu'en était-il du monde où, en ce début de vingtième siècle, Dieu commençait à perdre sa place ? Se pourrait-il que ce soit un monde meilleur ?

 

Tels étaient mon état et mes réflexions le jour de mes 16 ans, jour que Soeur Marie-Thérèse avait choisi pour être morte. Elle s'était ouvert les veines la veille, dans les cuisines. Mais c'est le couteau entre les cuisses qu'on la retrouva. Elle avait, pendant son agonie, trouvé le temps de sectionner des morceaux de chair de son entre-cuisse, et de s'imposer les pires tortures. Ce fut son au revoir.

***

Mon père vint me chercher en Calèche. J'emportai mes quelques affaires : mes accessoires de broderie, mes quelques photos et courriers, et bien-sûr, ma Vierge de pierre. En regardant mon père pour la première fois depuis longtemps, je découvris qu'il avait dû être un bel homme dans sa jeunesse, en tout cas un homme plein de charme. Ses cheveux noirs étaient gominés et aplatis sur sa tête, il avait l'air épanoui, arrogant et sûr de lui. Mis à part les prêtres chez qui je m'étais confessée, mon père était le seul et le premier Homme que je vis vraiment dans ma vie. Aussi, je sentis au cœur de moi un sentiment étrange pour lui, comme une attirance pour cet homme qui me dégoûtait un  peu. Je ne fus pas la seule, d'ailleurs, à éprouver cela ; dès que mon père fit son premier pas dans le couvent, les Sœurs changèrent de têtes, leurs visages rougirent et transpirèrent un peu, elles ne pouvaient plus rester en place, s'agglomérèrent autour de lui et, jusqu'à ce que nous partions, elles ne purent plus jamais s'empêcher de rire pour un rien et de répondre aux sourires que mon père adressa, non sans une espèce de sadisme, à chacune d'entre elles sans exception.

- " Faîtes en sorte que D-ieu garde son âme et ramenez -nous la vite ! ", dirent-elles.

Et mon père s'en alla avec moi et mon âme, les laissant toutes avec de gros bouquets de fleurs, et leurs entre-jambe mouillés.

***

 

A l'intérieur de la calèche, il y avait une jolie femme.

- " Voici ta belle-mère", me dit mon père, " Tu feras tout ce qu'elle te dira".

Et, à grand coups de fouets bruyants claqués sur leurs dos, il fit  très mal et très peur au quatre beaux cheveaux blancs qui étaient attachés par des sangles à notre voiture. Ceux-ci, dressés  à l'obéissance, comprirent qu'il s'agissait du signal pour s'affairer à toute jambe, et ils se mirent à courir comme des damnés, les œillères scotchées aux yeux, les empêchant de regarder sur les côtés et de voir toute la beauté du paysage.

C'est au bout de quelques temps seulement, que ma belle-mère se mit à m'adresser la parole.

-  " Regarde ce couvent qui s'éloigne de toi", me dit-elle, " il s'agit de ton innocence ".

- " Qu'est-ce que l'innocence ? ", lui demandai-je.

  Elle laissa éclater un grand rire en guise de réponse.

-" Dis-moi mon petit chéri , enchaîna-t-elle, comment t'appelles-tu " ?

De toute ma vie je n'avais jamais vu une femme qui avait l'air aussi heureuse et aussi épanouie que cette femme au grand front, surmonté d'un grand chapeau de tissus. Il faisait beau ce jour-là, il y avait du soleil parmi les nuages blancs et, malgré que j'avais la tête dans ces nuages, j'étais étonnée que la femme de mon propre père ne connaisse même pas mon prénom. Était-elle au courant de l'identité de celle qu'elle était venue arracher à son couvent ?

- " Je m'appelle Dora", lui dis-je.

- "Alors, écoute-moi bien, Dora : oublie ton prénom. Garde -le dans ton cœur pour tout ce que tu as de plus secret, de plus beau, de plus intime. Et utilise celui que je vais te donner pour tout le reste. Désormais, tu t'appelleras " Dodo".

C'est ainsi que je fus baptisée pour la seconde fois.

 

2.

Ainsi va la vie. Il faut croire que les parents échouent à  donner les bons prénoms à leurs enfants. Dans la Bible déjà, Dieu change d'avis au sujet de Jacob et décide pour finir de le prénommer " Israël ". Lorsqu'une femme prend le voile, elle change de nom, et si elle devient catin, c'est pareil. Lorsque j'arrivais au domicile du Chat Rose, qui était en vérité le commerce de mon père et de sa compagne, j'avais troqué le prénom que ma mère m'avait donné pour un autre, et tout le monde désormais, même mon père, m’appellerait " Dodo". Ce faisant, je ne savais pas encore que j'étais entrée en religion, que j'avais prononcé mes vœux, et que je serais, toute ma vie durant, non une bonne sœur, mais plutôt une putain. Le Chat rose était en effet une maison close, dont la tenancière était ma belle-mère, et où mon père s'amusait beaucoup. Voilà l'homme d'affaires qu'il était et auquel j'avais rêvé toute ma vie comme d'un homme d'affaires : mon père était un maquereau. Voilà qui expliquait son arrogance, sa richesse et ses beaux voyages.  Et voilà surtout pour le père que j'avais. Mais, alors qu'en ce jour où j'étais vierge et où néanmoins, j'allais rentrer ni plus ni moins au Bordel, j'ignorais encore tout du projet d'avenir qu'on avait nourri pour moi. Car si ma belle-mère n'avait pas été si vénale, et si le Chat rose n'avait pas été sur le point de faire faillite à cause de quelques créanciers vereux, peut-être ne serait-t-on jamais venu m'arracher au couvent où mon père m'avait abandonnée petite et où j'avais trouvé dans la prière et la broderie des refuges à ma solitude. Peut-être après tout, m'aurait-on laissé pourrir parmi les sœurs, et peut-être aurais-je finalement reçu encore un autre prénom que celui qu'on avait bien voulu me donner. Car mon père et ma elle-mère n'avaient d'autre projet pour moi que d'offrir ma virginité au plus offrant, pour récupérer au passage un petit pactole dont jamais je ne verrais la couleur, et qui permettrait au Chat Rose de survivre pour quelques temps encore.

 

Les quelques pages qui vont suivre sont celles de mon initiation. Elles racontent comment, au fil des journées passées au Chat rose, je suis devenue une putain. Elles racontent comment de petite fille vierge aimant la prière et la broderie, je suis devenue accro aux plaisirs de la chair, et de quelle manière, à l'image de sœur Marie-Thérèse, je me suis vouée à l'enfer. Elles racontent ma perte, ainsi que mon innocence perdue, larguée aux amarres qu'ont tirés quatre chevaux blancs. Elles racontent ma lente décomposition aux enfers. Elles racontent surtout, à quel point le tourment des plaisirs physiques constitue un monde sans issue, auquel pourtant personne, quelque soit le monde qu'il s'est construit, ne peut jamais échapper.

 

II.

 

3. La femme à Barbe.

Malgré tout ce qu'on peut en dire, l'initiation à la sexualité, telle tous les apprentissages de la vie, ne s'accomplit jamais dans le passage à l'acte, mais plutôt dans la longue et douloureuse attente de  celui-ci. Si, dès mon arrivée au Chat Rose, on s'était jeté sur moi pour me forcer à me livrer à certaines pratiques que mon innocence d'alors aurait réprouvées, j'aurais sans doute fui à toute jambe, malgré mon peu de ressources, et j'aurais rejoint d'une manière ou d'une autre mon bien aimé couvent. J'aurais sans doute préféré mourir, comme sœur Marie-Thérèse. Comme elle, j'aurais peut-être choisi de me trancher les veines plutôt que de rester vivante dans cette abominable maison close. Mais ce n'est pas comme cela que les choses se sont passées. Mon père et ma belle-mère furent bien plus malicieux. Aussi, lorsque j'entrai au Chat Rose, on me fit prendre les habits de bonnes, et on m'installa dans une petite chambre austère dont la fenêtre donnait sur une cour remplies de  fleurs. Dans cette cour, une grande vierge blanche ouvrait les bras, et semblait vouloir m’accueillir contre  son cœur. Au dessus de mon lit, un crucifix de bois me protégeait. Sur la table de nuit, il y avait même une Bible dont les pages étaient cornées et qui laissait croire que celle-ci était consultée régulièrement.

 

- Installe-toi comme tu le souhaites, me dit ma belle-mère. Tu es ici chez toi. Lève-toi tous les jours aux aurores. Ce sont les meilleurs moments pour nettoyer. Sur cette chaise, voilà tes habits de travail. Tu seras désormais bonne à tout faire au Chat Rose.

- Mais, qu'est-ce que veut donc dire donc " Chat Rose " ?, demandai-je. Quel chat peut-il bien être rose ?

Ma belle-mère se fâcha :

- Ça ne veut rien dire du tout !

- Mais, dis-je .

- Mais quoi ?, répondit-elle. Tu as beaucoup trop prié dans ta vie. Un peu de travail ne te nuira pas ! Ce n'est pas bien compliqué ! Tout au long de la journée, tu verras entrer et sortir des couples . Nous voulons juste que ceux-ci trouvent les chambres propres, que les lits soient faits, et que la literie soit intacte. Rend-toi compte, Dodo, nous n'avons qu'une bonne  pour tout le Chat Rose ! Et, ajouta-elle d'un air qui me fit peur,  les gens rentrent et sortent de cette maison comme s'il s'agissait d'un véritable Bordel ! Puis, comme dans la calèche, elle laissait s'échapper d'elle un rire sonore qui me glaça le sang , et que je ne compris pas.

- Tout le jour ?, dis-je, les gens ne dorment-ils pas la nuit ?

- Pas ici ! , dit-elle. Ici les gens dorment quand ils veulent.

Son visage se fit grave.

- Écoute mon petit, crois moi, ton père et moi ne te voulons que du bien... Que du bien... Nous te voulons même beaucoup de bien... Ce bien t'arrivera si tu n'es pas trop impatiente ! En attendant, nous ne te demandons qu'une chose... Ce n'est pas bien grave si les chambres ne sont pas assez propres... Il faut juste que tu sois attentive... Que tu observes... Que tu regardes bien tout ce qui se passe ici. C'est seulement comme cela que se fera ton apprentissage. Et puis, saches-le, ici pas plus qu'ailleurs, nous ne voudrons  pour toi une chose à laquelle tu ne pourras consentir. Jamais ! Et son visage se fit grave :

- Sais-tu ce qu'est un viol, mon petit ? Ses yeux se remplir de larmes que pourtant, elle ne laissa pas s'écouler hors de son visage. Tout aussitôt, elle sembla se forcer, quitta ce visage grave et me dit sur un ton à la fois léger et grinçant :

- Enfin, ce que je veux te dire, mon petit, c'est de faire comme bon te semble ! Elle éclata de rire à nouveau et claqua la porte, me laissant complètement perdue, sans que j'ai rien compris à ce qu'elle avait voulu me dire.

 

***

 

À ce moment précis plus qu'à tous les autres de ma vie, j'aurais voulu d'une mère. Mais de mère, je n'en n'avais pas. J'avais entendu parler d'un conte qu'un jour peut-être une des Sœurs m'avait raconté un soir pour pouvoir m'endormir, et qui parlait d'une jeune fille de haut rang, livrée à elle-même, abandonnée dans son propre château, réduite à l'état de bonne à tout faire. Dans ce conte il y avait une fée, c'était la marraine de cette jeune fille. La fée apparaissait quand tout était perdu, aux moments les plus misérables que vivait sa filleule. A coups de tendresse,  de gentillesse  et grâce à ses pouvoirs magiques, elle faisait de sa filleule une magnifique princesse, l'introduisait aux bals de la cour, la rendait méconnaissable de beauté. Je regardai par la fenêtre, la Vierge aux bras ouverts. Celle-ci ne vint pas à la vie et resta immobile dans sa cour des miracles, figée dans la mort de sa pierre immuable. Je voulus, pour me consoler, réciter un Je vous salue Marie en guise de prière, mais il était trop tard. J'avais compris que tout ceci n'était que substitut, parade, illusion. Depuis que j'avais été abandonnée au couvent, je m'étais inventé un monde pour survivre, un monde qui me plaisait. Mais à quoi pouvait bien désormais me servir ce monde, puisque je n'y croyais plus ? Il n'y avait pas plus de Vierge Marie qu'il n'y aurait de marraine la fée pour venir me consoler, ce soir-là, le soir le plus misérable de toute ma misérable vie.

 

Je plongeai la main dans mes affaires, saisis ma Vierge de plâtre et la fracassai contre le sol. Je pris la Bible aux pages cornées et arrachai la majorité des pages, par paquet, avec rage. Lorsque tout fut détruit, j'éclatai en de longs sanglots qui me fatiguèrent tant que je finis par m'endormir. Personne, ce soir-là, n'est venu me chercher.

 

***

 

Et puis, il fallut bien que je me réveille... Lorsque j'ouvris les yeux aux milieux des fracas que j'avais moi-même causés, je fus étonnée de découvrir autour de moi des bribes de pages déchirées, comme des souvenirs de mon ancienne vie éparpillés autour de moi. Il me fallut faire un effort pour comprendre où j'étais, et pourquoi la chambre où j'avais dormi était dans un tel état. Toutes les images de la journée passée me revinrent une à une... Mon père et ses bouquets de fleurs, les soeurs aguichées, la calèche, les quatre chevaux blancs m'emmenant au loin, ma belle-mère et son rire métallique... J'étais au Chat Rose ! J'étais au Chat Rose, je m'appelais Dodo et j'étais bonne à tout faire. Il commençait à faire nuit.  Un maigre rayon de soleil éclairait un petit interrupteur situé à côté de ma porte, comme pour me montrer la voie... j'appuyai sur ce drôle de petit bouton, et aussitôt, ma chambre fut innondée d'une curieuse lumière ! L'électricité !, me dis-je. L'électricité... On m'en avait tant parlé au couvent où on s'éclairait encore à la bougie... Alors c'était cela, de connaître la modernité. Les choses pouvaient subitement passer du tout au tout, sans prière aucune, seulement en appuyant sur un petit bouton. Une espèce de joie éclaira tout aussitôt mon cœur. Peut-être, après tout, que le Chat Rose, n'était pas un endroit aussi mauvais que ça, peut-être serais-je mieux ici, loin du couvent et de son austérité, et près de la modernité, au cœur de la ville. Aussi, décidai-je de sortir de ma chambre pour faire un tour, pour voir à quoi pouvait bien ressembler ce curieux " Chat Rose". J'ouvris la porte de ma chambre, traversai le couloir et descendis les escaliers. Je commençai à entendre au loin, venant du salon central par lequel j'étais passée en rentrant pour monter les escaliers, un rire curieux, qui allait, venait et s'en allait encore de façon inquiétante, en forme de saccades. C'était un rire qui ne riait pas. Je ne savais pas ce que ce rire voulait dire, Peut-être ce rire pleurait-il ou pas vraiment... Je ne comprenais pas, il y avait dans ce rire un épanouissement, mais étrangement ce rire était mêlé à  une supplication... J'entendais alors l' effondrement total d'une femme qui semblait se désoler d'aimer quelque chose. A vrai dire, il me semblait entendre le rire de l'enfer. Je descendis, et je ne dus pas atteindre le sol pour y voir plus clair : les escaliers m'offrait une vue en chute sur le salon central, comme s'ils avaient voulu que je sois aux premières loges pour être en position de voyeuse. Plus tard, je me rendrais compte que tel était la conception du Chat Rose : il n'était pas au Chat Rose de pièce, de chambre ni d'endroit fussent les toilettes, qui ne pouvait s'offrir en spectacle à quelqu'un situé à un autre endroit, et réciproquement, chaque endroit du Chat Rose offrait une vue sur un autre que l'on pouvait observer. Le Chat Rose  était un labyrinthe dont les murs étaient transparents : bien qu'on pouvait tout y voir jusque dans les plus menus détails , et ce jusqu'à la porte d'entrée, on ne pouvait, une fois qu'on y avait posé un pied, plus jamais en sortir.

 

Dans le salon, par terre, une femme nue était allongée. Elle n'avait pour tout vêtement qu'une fausse barbe accrochée à son visage, et un long collier qui lui descendait au nombril. Sur elle, un vieil homme chauf s'affairait, et plus cet homme s'affairait,  plus le rire de la demoiselle se faisait fort, impérieux et intense, jusqu'à ce que ce qu'il s'éteigne dans un affreux silence de mort. L'homme affairé finit par grogner comme un cochon, et lorsqu'il eut fini de grogner, il se leva, rentra son curieux engin dans son pantalon, et souffla un peu. Cet homme semblait tellement fier de lui... Je sentis une haine à son encontre, une haine sauvage, féroce, libre, une haine que jamais je n'avais ressenti pour personne. " Je me vengerai ", prononçai-je tout bas, à l'encontre de cet homme, qui ne m'avait encore rien fait.

 

J'avais été prise de sidération. Je n'avais pas pu m'empêcher de regarder une fille du Chat Rose se faire prendre par un habitué. Bien-sûr, je ne possédais pas ce vocabulaire à l'époque, mais ce sont les mots d'aujourd'hui qui me viennent pour vous dire ce qui c'est passé. Quand au loin j'entendis la voix de mon père :

 

- Ah Dodo, ma chérie,  C'est toi ! ! Mais viens donc ! Viens donc te joindre à nous !

Et il monta les quelques marches qu'il me restait à descendre pour me tendre la main :

- Viens donc que je te présente nos trois douces et tendres ; Marie, Sachaa, et Colombe la douce. Et, c'est dans un confiance totale que je lui donnai ma main, comme un naufragé peut donner la sienne.

 

***

 

 

 


28/05/2015
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Un homme pour le sein droit, un homme pour le gauche

Un rêve.

Il y avait deux hommes pour me prendre. L'un était l'Amant, l'autre l'Amour. Cet amant qui m'attirait, j'aurais pu l'aimer. Cet homme que  j'aimais, j'aurais pu le désirer. Vous étiez donc 4, et j'étais deux : la madone et la putain. Nous étions donc 6 pour l'unique partouze.

 

J'étais couchée et nue sur un matelas blanc. Il n'y avait ni drap, ni oreiller, ni couette. De grandes vitres sans rideaux nous regardaient. A travers elles, Je pouvais voir de grands arbres bruns et gris, dont les branches étaient des femmes à genoux, qui tendaient les mains dans une prière vers le Ciel. C'était si beau à voir.

 

Soudain, l'amant se pencha sur mon sein gauche, et en suça le téton. C'est alors que mon âme partit en arrière et que je me perdis dans le rêve.

Lorsque je revins à moi, l'amant suçotait toujours, et jusqu'à la torture mon sein gauche,  je ressentais alors le profond besoin d'être pénétrée au fond de moi.

En gémissant, j'allais demander à l'Amour de me prendre mais il approcha son doigt de mon visage et le posa sur ma bouche : " chuuut".

Il suçota mon téton jusqu'à ce que je n'en puisse plus.

 

Ensuite Il se déshabilla. D'abord le jeans, puis le slip. J'étais couchée sur le dos. Il écarta mes jambes très fort, fit replié mes genoux de façon à ce que mes pieds touchent mes cuisses. Il me rentra dedans. L'amant lui, commença de m'embrasser de manière poussée, nouant sa langue dans le mienne, faisant mine, à certains moments de l'arracher. Et puis, ce fut son tour.

 

Les deux queues avaient deux manières différentes de me prendre, de me sauter, de me fussionner.

 

L'une était épaisse, profonde, elle faisait tranquillement mais sereinement son chemin au travers de moi, avec de gros coups qui me secouait le corps.

L'autre, plus fine, s'agitait avec frénésie et semblait chercher une petite bête à l'intérieur, faisait des ronds, semblait se retourner sur elle-même.

 

Le plaisir m'arrivait par vague, et ma voix, elle aussi, criait par vague, par à coups.

 

L'un des deux me retourna. A genoux, le front collé contre le mur, je ne pus discerner lequel à quelle moment me prenait. Le plaisir me faisait perdre tout contact avec la réalité.

 

Je perdis le contrôle.

 

Lorsque je me révéllai, mon vagin s'était contracté. J'avais joui. Mon ventre, enfin, était paisible.

Mes deux amants se couchèrent près de moi. Ils me firent des câlins, des caresses.

 

Le matin, je ressus un verre de chocolat chaud.

J'étais aimée pour l'éternité.


11/05/2014
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Les hommes

Il y a des jours où je me demande combien je pourrais endurer, jusqu'à quel point je serais capable de me perdre. Il y a des jours où la seule  chose qui me soulage, c'est de m'imaginer une ruée d'hommes me rouant de coups pour me calmer, avec bienveillance ... Il y a des jours où je me demande combien de temps je vais pouvoir encore me retenir de les rejoindre, de leur dire Oui, de me jeter dans leurs lits. Il y a des jours où je les imagine sur moi, me peuplant le corps, me serrant le cou, me griffant un peu.

 

Parfois, je crois que les hommes sont ma seule solution. Lorsque je pense à mon père, à ma mère, à ma soeur, lorsque je songe au passé et aux heures trouées, la seule chose qui me vient c'est ton corps démultiplié pas 10, par 20, par 100. Je voudrais sentir par moi ce qui crie tellement de l'intérieur, je voudrais que tu me traverses. Combien de temps vais-je tenir ? Combien de temps vais-je tenir encore à ne pas te tromper, à rester avec toi, à ne pas plonger dans leurs lits ? Combien de temps une femme peut-elle tenir à ne pas s'agenouiller face au désespoir d'un sexe mort de peur, et qui ne demande qu'une seule chose : bander, bander encore, être aimé, admiré, adoré, sucé ? Combien de temps une femme peut-elle tenir face à des regards d'inconnus,  à des flatteries, face à un regard qui lui dit qu'elle est encore belle ? Et la perte d'une femme n'est-elle pas de s'attacher à un seul, de n'être la femme que d'un seul, n'est-ce pas la multitude des générations enfouies dans vos spermes qui nous révèlent ?  

 

Mais je n'aime que toi, toi, et Dieu est l'image de notre A-mour, il est 1, 1 Seul et indivisible.  Les hommes ont semblé dans mes yeux rejoindre ton corps, et c'est ton corps que j'adore, quelle que soit la consistance qu'il prenne.  

 

 


15/11/2013
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La raie de ton cul

La raie de ton cul me disait Non de l'intérieur. Elle suintait à travers ton slip pour me dire sa vérité. Au travers de ton jean troué, à l'opposé de tes petites couilles d'amour, celles que toutes les femmes du monde ont rêvé en secret de pouvoir sucer par le bas comme des raisins blancs, celles que toutes les femmes du monde ont rêvé de pouvoir détenir au dedans de leurs lèvres ourlées par ton sperme, à genoux sur le sol comme des damnées offertes au destin de ton corps; oui à l'opposé de tes couilles, ta raie entrouverte m'invitait au voyage, me donnait la possibilité de te concevoir pénétrable,  c'est-à-dire tout comme moi, pénétrée de toi. La raie de ton cul était l'issue de notre enfer, elle me donnait à  te voir si beau dans tes failles.

 

La raie de ton cul, aussi, je l'ai vue comme un rêve, telle un secret que tu m'aurais confié, confié par ta manière de dormir sur le ventre. Ton corps blanc dans la lumière matin et moi lovée dans tes bras, je pouvais voir, si je penchais la tête,  ton cul si beau, petite pomme poilue dans la douceur, blanche comme l'auréole qui veillait sur notre amour. La raie de ton cul était l'aveu de ta blessure, elle était ton talon d'Achille, la raie de ton cul c'était ma rédemption, c'était ne plus être seulement une Femme et toi seulement un Homme.

 

Mais la raie de ton cul, impénétrable, insondée et insondable, inviolée par l'Homme ou la femme, oui la raie de ton cul était vierge,  vierge de toute appartenance, de tout phantasme, de tout désir, oui, la raie de ton cul m'était interdite, barrière infranchissable, interdit suprême, commandement fondateur de notre civilisation. 

 

Au petit matin, dans des rêves en demi-teintes, alors que tu me prenais la main et me me parlait des quatre couleurs, je rêvais, moi, de la raie de ton cul.

 

Jusqu'au  jour tu m'a dit: "Si tu m'aimes vraiment, tu aimeras la raie de mon cul. Et tout les matins, après que j'ai fait caca, tu me torcheras la cul avec ta langue."

C'est ainsi que, comme une bonne mère qui lave ses petits chats, pendant 10 ans, tous les matins, avec ma langue, j'ai torché la raie de ton cul.


19/05/2013
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souvenir

Je me rappelle de toi et de tes cheveux noirs, corbeaux, lisses, de tes sourcils bien dessinés, de tes lèvres. De ce corps que je ne méritais pas et qui rendait mes fesses encore plus laides. Je me souviens de ton regard pénétrant, de mon être possédé par chaque effleurement que tu me procurais. Je me souviens des poils sur ton ventre qui partaient de ton nombril. Je me souviens de ton sexe, je me souviens de ton gland à nu, rêche et circoncis, sans son petit capuchon dont on t'avait privé, qu'il fallait aspirer très fort, comme un bébé suce son pouce pour que tu sentes quelque chose. Je me souviens de ce sexe en moi, contre moi, dans ma tête, dans mes mains, dans mes cheveux, dans mon lit, dans mon coeur, partout. 


 

Je me souviens de toi. 


 

Je me souviens de la route de Bruxelles jusqu'à la frontière Hollandaise. Je me souviens des longues heures passées dans la voiture à attendre que tu reviennes avec ton shit. Je me souviens que j'avais peur de toi, que j'avais peur de te déplaire, comme si constamment je passais un examen de rattrapage, un examen d'amour avec mon père, ma mère, ma famille toute entière.  Ton regard plongé dans le mien convoquait tous les morts de ma famille, sortis des camps de concentration, venus me juger, moi, la bâtarde et la traître. Je me rappelle que j'oubliais tout ça dès que tu me cognais, que j'étais accro à la peur que j'éprouvais pour toi, accro à nos disputes, accro à tes insultes car après venait le temps du harcèlement, le temps de ton temps en bas de mon immeuble, le temps où j'avais peur de te croiser et où je regrettais de ne pas te voir, puis le temps de la réconciliation. Tu me soulevais dans tes bras, tu me serrais si fort que je me sentais broyée, puis tu me lâchais brutalement, l'air me faisait mal, j'avais besoin de toi, que tu me serres encore, que tu me suçonnes, que tu me mordes, que tu me gifles, que tu me drogues.  


 

Je me rappelle de ce jour où tu m'avais dit, " je ne pourrai jamais te frapper autant que je t'aime". 


 

Je me rappelle que ça a été dur de te quitter, mais je veux dire te quitter vraiment, une fois pour toutes, me sevrer de ta peau, me sevrer de toi, comme ça a été dur de ne plus t'attendre en bas de l'immeuble, de reconstruire ma vie, de quitter l'intensité, cette intensité qui nous unissait, nous broyait, nous détruisait.  


 

Je me rappelle que j'ai du te laisser sur le bord de chemin... Il faut être un peu salope pour survivre, pour aimer la vie. 


07/04/2013
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