Le blog de Petite Pépée

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Investissements narcissiques du Corps


Les jambes

J'aimerais quelquefois pouvoir croire que le sol ne va pas se dérober sous mes pieds, qu'il est un tremplin vers l'avenir et le Ciel, j'aimerais avoir confiance au sol, confiance en mes racines qui comme dit le proverbe me donneraient des ailes. J'aimerais avoir des jambes ailées, fines, galbées, qui ne seraient pas faites pour le regard des Hommes, pourtant je n'arrive pas à m'imaginer des jambes qui ne soient pas épilées de près pour s'offrir mieux à leur regard, pour qu'ils puissent mieux rêver à ce qui se passe là, tout en haut, en haut de mes cuisses, là où les poils doivent être présents mais pas trop, là où le terrain s'offre sans faire peur ni dégoûter, défriché mais pas trop, ce serait ridicule pour une femme de mon âge et de mon poids de vouloir jouer à la petite fille ou à l'actrice porno. Des jambes pour qu'ils puissent mieux buter sur ma peau supposée imberbe, peau douce et sans rancune de petite fille devenue femme.

 

Je voudrais des jambes fortes, musclées, vivantes, pour pouvoir m'élancer, sauter , me servir des pavés comme autant de tremplins, pourtant je ne peux que les rêver glabres, dépourvues de cellulites, assez longues et interminables pour que les Hommes, s'ils n'en perdent pas la tête, au moins ne se moquent pas de moi.

 

Un jour un homme  a eu un petit rire attendri et m'a dit : " tu as de belles petites jambes ". Il les voyaient à travers un legging flatteur, doux, qui permettait d'être caressé et d'évoquer la douceur d'une peau de femme épilée à la cire. Elles étaient terminées par des chaussures à haut talons, et tout le monde sait que les talons ne sont pas portés pour être plus grandes, non, car les femmes ne sont femmes qu'en étant plus petites que les autres, les talons sont portés pour donner un sexe aux jambes, un sexe d'homme au bout de la chaussure pour rappeler à quel point c'est le sexe des hommes qui nous tient debout, un sexe d'homme au bout de la chaussure pour entraver la marche, car être femme, c'est d'être funambule sur le fil de la séduction, un sexe d'homme au bout de la chaussure pour rappeler que c'est le sexe de femme qui  attend les hommes au bout de la cuisse, contenue, ferme mais pas trop, il faut que la cuisse puisse être malaxée à l'infini, il faut que les Hommes n'en finissent pas de sentir notre faiblesse, il faut que nous n'en finissions plus de jouir de notre essence.

 

Oui ce sont de petites jambes, elles ont connu la souplesse forcée par les mains qui les ont levées et parfois collées près de la joue, près de l'oreille, car une femme, c'est d'être souple, car une femme, c'est d'accepter, car une femme c'est de pouvoir se courber à l'infini dans le désir de plaire. Oui ce sont de petites jambes, un peu dodues, fort dodues aujourd'hui, que des bas flatteurs, des rasages de près et des jupes ajustées ont permis de faire mentir, c'est fou le nombre d'accessoires mis à ma disposition  pour transformer mes jambes en jambes de femmes, c'est fou cette parade de jambes de femmes et d'hommes déguisés en femmes qui font semblant de marcher dans la rue, sur les podium des défilés de mode, dans les clips musicaux. C'est fou ce que mes jambes m'ont empêcher d'avancer.


03/10/2015
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Les bras

IL s'enroule autour de moi, nœud de douleur investissant mon corps, IL enroule ses bras incestueux  autour de moi, dos, dents, corps, hanche, poitrine, mains fantômes, baiser  doux adressé aux lèvres de la fille à travers l'air, traversant surdité psychique et aveuglement moral, atterrissant par la pensée sur la bouche, fibromyalgie.

 

IL s'étend et prend de l'avance dans sa maison, douleur de règles séchée, contraction musculaire, malaise, douleur, perception du toucher modifiée, cernée, " Tu as l'air fatiguée ", " Elle est bien palote".

 

Depuis je ne peux plus supporter une âme trop près de moi dans mes limites qui ôte les virgules de mon corps, violent chaque point, ponctuation de mon cul, ne comprends pas que tu es de trop, que c'est toi qui me fatigue.

 

Les bras de l'Inceste sont comme un sable mouvant égrainant le corps, serrant la nuque, os, et toutes les ombres qui me touchent, colère interne, hyperphagie. 

 

Pour ne pas y penser je pense à des Hommes, plein d'Hommes, ils sont là par millier, plus fort que LUI ils le jettent. Des Hommes tous plus forts, plus virils les uns que les autres, me fouillant me triturant me palpant, ils me prennent me jouissent dans le ventre, passer par eux pour ne pas passer par TOI, penser à eux = penser contre TOI, me perdre dans leurs bras, mourir au bout de leurs sexe, renaître femme purifiée de tes mains, immaculée, auréolée, indépendante de ton vice loin de ton regard. 

 

Je me suis jetée dans tous ces lits, jamais les lits ne disent non, écarter ses jambes  jusqu'à en couvrir les deux pôles, embrasser à en perdre la raison, aimer comme une folle car dans certaine famille  pour rester sain d'esprit il faut être fou. J'ai rêvé de cet homme, cheveux court, qui me donnait des ordres et chacun de ses ordres détruisait tes caresses trop caressantes, ta douceur libineuse, chaque coup me guérissait de ta peau, chaque coup me guérissait de TOI.

 

Chaque nuit, chaque soir recommencer le même combat. Penser contre TOI. Te Haïr pour me protéger. Baiser pour éviter de penser à toi, à tes câlins. Te Haïr pour pouvoir t'aimer, te rêver en Père comme cet arbre aux racines plongeant dans la terre comme dans autant d' entrailles, branches ramifiées en un monceau de générations prometteuses, comme cet arbre de Vie dont je rêve dépourvu de fruit défendu, exempt de tentation. Te Haïr et penser contre toi, penser à tous ses Hommes pour te rêver que je mérite que tu le sois même si tu ne l'as jamais été, 

 

Me faire enculer, 

pendant ce temps sentir cette douleur qui me fait oublier la douleur.

Me faire gifler

pensant ce temps sentir cette douleur qui me fait oublier la douleur

Me faire battre

pendant ce temps sentir du profond cette douleur qui me fait ne plus sentir ma douleur

Me faire rouer de coups

pendant ce temps sentir être anesthésiée de ma peur, 

et déposer ma Honte en un endroit secret sacré que les Hommes garderont, préservant ton image que je voulais préserver :

 

Dieu-le-Père.

 

***


21/09/2015
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Comme une petite chose vue d'en haut

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Pour toi, je suis comme une petite chose vue d'en haut, au prise avec une sexualité dont je n'arrive pas à être actrice, je suis à ton cou perdue et pendue comme un collier qui te décore, qui s'accroche à ta beauté et qui la finit. Vois mon regard. Est-ce un regard qui t'aime ou un regard en demande ? Quelle est ma démarche lorsque je te regarde ainsi, objectif, toi qui ne me regarde pas mais qui me prend telle que je suis ? Ton regard neutre symbolise pour moi le regard de tous les hommes, le regard de ma mysoginie  intégrée à mon corps, chevillée à mes propres yeux. Dans la glace, je ne me vois pas, je ne vois qu'un objet qu'un homme peut regarder, et je le juge comme on m'a apprit à le juger. J'oublie l'émotion qui toujours déborde de ma chair. Lorsque je me vois, je ne vois que l'image que je donne. Je ne vois que les trahisons de ce que j' aimerais pouvoir cacher. Mon intimité est exposée sans que je le sache, et toujours, je marche nue.

 

La seule façon de pouvoir conjurer le sort, ce serait de me sculpter un corps de rêve, et de me déshabiller pour exploser enfin la nudité, pour qu'enfin, plus jamais je ne sois nue.

 

Dans cette danse-là, j'apprends alors que la pornographie n'existe pas, que les gros plans de cons et de queues sont là pour dévier notre attention de ce qu'il y a de plus important, l'intime, au plus profond du phantasme, la sensation, l'émotion secouante de l'orgasme, qui donne à nos visages animaux, des airs de fin du monde.


11/05/2014
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Comment s'aimer ?

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Comment s'aimer ? Quelques fois, au travers d'un sourire adressé à un objectif, c'est soi-même qu'on tente de séduire... J'avais un psy qui me disait que ne pas se trouver jolie, c'était ne pas s'aimer... C'était se poser la question de savoir si on était aimable. Lorsqu'on est une femme et qu'on ne se trouve pas jolie, vient le temps de ne plus se trouver jolie, mais de plaire aux autres.

 

Qu'ont eu les jolies femmes à dire des photos que l'on avait prises d'elle ? Une partie de leur âme, un morceau de leur corps pris au monde par le monde et pour le monde... Sans légende aucune signée de leur main, sans commentaire, comme si la femme ne pouvait pas plus dire  d'elle que ce que son image pouvait en dire, comme si le sourire était la seule chose à dire de soi : Je veux te plaire, je veux t'aimer par ma bouche entrouverte, par mes dents offertes à ton jugement, par mon intimité rabrouée jusqu'à mes viscères, je veux t'aimer par ma chatte, je veux t'aimer et que tu me trouves belle, je veux t'aimer par delà ma mort et ma tristesse, par delà ma fragilité, par delà ma féminité que je veux t'offrir et que tu ne vois pas, je veux t'aimer entière, dans la fraction de seconde où tu m'a prises, où je me suis offerte, où je me suis donnée, où tu m'as volée.

 

Mais moi, je ne donnerai de moi que ce qu'on en donne, je n'offrirai à l'autre rien d'autre que ma beauté, je signerai de ma main qui je suis, à l'ombre des photos muettes, qui n'ont rien dit de moi mais qui m'ont toutes trahie.


10/05/2014
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Autoportrait en noir et blanc

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Souvent, j'ai essayé de me regarder, jamais je ne me suis reconnue. J'ai cherché, à travers l'oeil blanc du miroir, celle qui au fond de moi, faisait s'écrouler les écrans de fumées. J'ai cherché, à travers l'oeil de l'absence, ce regard interrogé que malgré moi, je pose sur le monde, et je ne vu qu'une jeune femme un peu bizarre, un peu triste, étrange... Une autre dont je ne discernais pas bien les traits.

 

Petite, tout était plus facile. Petite, j'étais moi-même et les choses étaient évidentes, petite, mon visage était le mien. Petite, je ne faisais qu'un avec mon corps d'enfant, petite j'étais moi-même déjà, avec au coeur de ma pouponnerie, le projet de mes cernes bleutées, de ma pâleur insupportable, de mon nez changeant son aspect au fil des profils.

 

Car c'est avec mon nez que tout a changé... Est arrivé ce jour où mon nez m'échappait, où mon nez n'était plus le mien, où mon nez me riait au nez, ensuite ce furent les cheveux qui bouclèrent, et puis les seins aux aréoles pointures qui se pointèrent sous mon T-Shirt, de grandes vergetures mauves, signe du fracas de ma peau, dans laquelle je ne me sentais plus bien.

 

Alors, la photographie devint mon ennemie, celle vers qui j'essaie de tendre la main aujourd'hui, dans une tentative vaine, de m'apprivoiser.


10/05/2014
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