Le blog de Petite Pépée

Le blog de Petite Pépée

Qui suis-je?


Comme Marion sur place de Berlin


01/02/2014
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Le tabac.

Ma première expérience du tabac fut aussi celle de l'exclusion. Mon grand- père, " Pépé ," à qui je dois mon pseudo était à mes yeux d'enfant plus victime de l'opprobe jetée sur lui que du tabac lui-même. Lorsqu'il venait à la maison, il fallait, été comme hiver, qu'il aille fumer sur le palier de l'immeuble pour ne pas nous déranger, ou sur  le balcon. On me disait que fumer était mauvais pour la santé et qu'il ne fallait jamais faire comme mon pépé. J'étais triste quant-à-moi qu'on le montre ainsi du doigt pour en dire des choses négatives, et c'est ainsi que j'ai appris à l'aimer. De belles volutes bleues s'échappaient magiquement de sa bouche entrouverte et mon grand-père était le seul à pouvoir faire ça. Pour ce qui me concernait moi et mon entourage aux poumons roses, il nous fallait attendre le froid de l'hiver. Alors, en tremblant, nous étions capables de souffler de la buée. 

 

A 68 ans, mon grand-père manqua de souffle, il cracha sa fumée pour la dernière fois et acheva une vie que tout  le monde autour de lui trouva trop courte. Moi, je me souviendrai toujours de la lumière qu'il y avait dans ses yeux lorsqu'il était à l'agonie. Je crois qu'il était en  paix et plein d'amour. Au moment de partir, mon grand père aimait assez la vie pour mourir en paix; il s'éteignit en disant " tu es belle" à ma grand-mère.

 

Le tabac, je ne peux m'empêcher de l'associer à la colère et à la déprime de mon grand-père. Aspirer ma première bouffée de fumée et la recracher c'était m'associer à sa révolte, c'était aussi choisir de m'exclure car je ne voulais exclure personne d'autre que moi. Fumer c'était me protéger de la bande exclusive,  du groupe mortifère. C'était exactement le contraire de ce qu'on disait à l'époque, je ne voulais pas fumer pour faire comme tout le monde. Fumer c'était rejoindre le rang des proscrits, le rang de ceux qu'on ne désire pas à côté de soi à table parce qu'ils empestent, le rang de ceux qui incommodent les femmes enceintes.

 

Lorsque mon grand- père tomba malade, je décidai de prendre la relève, et je fumai ma première cigarette dans un parking avec une amie de l'école. 

 

Le tabac est une drogue pernicieuse. Il ne ressemble pas au Mal mais il lui ressemble assez pour nous faire envie. C'est cet étouffement dans le coeur de mes poumons qui me revient en premier, le sentiment vraiment de faire quelque chose de " mauvais" pour la santé. Ensuite il était déjà trop tard, je voulais ré-essayer.  Je disais à mes parents que j'avais besoin de me promener un peu, que je reviendrais, et j'allais dans un petit parc près de chez moi. J'avais acheté mon premier paquet de Marlboro la honte chevillé au corps, dans une petite librairie. La vendeuse ne m'avait fait aucune misère. Je me souviens, après être sortie mon paquet et mon briquet à la main, m'être dit que parfois la vie était trop facile...

 

Les premières cigarettes étaient synonymes de paradis. J'étais seule dans le parc, la tête me tournait, j'étais un peu " stone". C'est pour retrouver cet étourdissement que je continuai à fumer, mais bientôt, les vertiges s'en allèrent, ils laissèrent place à l'habitude : j'étais devenue une fumeuse. J'étais comme les autres sans l'être vraiment. J'étais une adolescente, une vrai, mais je me cachais de l'être. Je gardais ma révolte à l'intérieur de moi, et je ne la recrachais à la face du monde que seule, dans mon petit parc. A l'école j'étais encore une petite fille trop sage au physique plutôt ingrat, à la maison cela faisait déjà plusieurs années qu'on ne me connaissaient plus vraiment tout-à-fait. Avec le recul, je trouve cela bien normal, moi non plus je ne me connaissais plus tout-à-fait.

Puis vient la trahison. Mon grand-père vit un paquet de cigarettes traîner dans ma chambre lors d'une visite à la maison. Dans un premier temps, cela le fit rire. Il n'était plus tout seul à être un maudit. Je croyais que de ce partage d'un péché commun allait naître entre nous une complicité, je croyais qu'il serait content que je l'ai rejoint là où il était mais il décida de vendre la mèche à ma mère. Peut-être que pour ne plus être seul, il avait besoin de me trahir. Heureusement, ma soeur cacha le paquet de cigarettes et ma mère n'eut de preuve de rien. Cela rendit fou mon grand-père, il était sûr d'avoir vu un paquet de " Chesterfield " traîner quelque part....

 

Alors la cigarette devint ma seule amie, et sa fumée dans mes poumons me consolait le coeur. Le soir, après avoir rempli mon journal intime, après avoir écrit des histoires d'amour et de mort pour moi seule, j'osais m'allumer une cigarette sur le balcon. Je l'achevais en vitesse, comme on disait je  " grillais" ma clope , et sa mort fulgurante nourrissait la mienne. Je rejoignait mon lit en titubant un peu.

 

La cigarette, je ne peux m'empêcher non plus de l'associer à mon premier amour. Parce que, comme dans tous les contes de fées urbains, mon premier amour fumait beaucoup. Bien-sûr, mon premier amour était con et macho et, comme dans tous les contes de fées urbains, il m'interdisait de fumer . Mais fumer une cigarette sur le balcon c'était le rejoindre quand il n'était pas là, c'était, puisque j'étais vierge, fusionner un peu avec lui et ressentir ce qu'il ressentait. Et puis c'était m'approprier ma liberté en me créant une dépendance bien à moi, contre laquelle ni mes parent  ni mon petit ami ne pourraient rien ; c'était entre moi et moi, entre moi et mon corps.

 

Et puis, le temps est passé, et la fumée est restée. La cigarette, pendant des années est resté le fil conducteur de ma vie dissolue. Lorsque j'arrêterai de nourrir mon corps avec de la fumée, je découvrirai une nouvelle amie, celle qui au fond est toujours restée près de moi, et qu'on nomme " boulimie ", la petite soeur invisible du tabac !

 

J'ai ainsi fumé ainsi jusqu'à mes 29 ans, et puis ai pris 10 kilos.

 


10/08/2013
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Les planches de Roscharch

 

 

L'émancipation des anges....

  

Planche n°1: l'émancipation des anges 


 

A toute première vue, cette planche m'évoque un masque qui sourit étrangement. Il a un sourire mauvais et inquiétant. Ensuite je vois la boucle de la ceinture d'une femme, qui fut pour moi dans un premiers temps une mère, mais qui est maintenant pour moi une pythie. Elle est accompagnée de deux anges qu'elle arrive à faire sortir des ses côtés, et qui cherchent à s'émanciper. La femme vue de face,  pourrait se voir comme deux druides vus de côté, qui lèvent leurs mains, marquant ainsi leur bénédiction de l'émancipation des deux anges. Mais le masque qui sourit étrangement nous prédit que les deux anges ne pourront pas s'émanciper, car sans eux pas de masque, et la torture est là. 


 

 


 

 

Planche n°2 : l'entrée à Auschwitz 

 


 

Il s'agit d'un visage d'homme mort, une image d'un fantôme mort d'effroi. Les espaces blancs forment ses yeux, son nez et enfin sa bouche. Ses sourcils sont comme deux cornes de diables rouges et s'élèvent comme des stèles pour les morts. Juste au dessus du nez, c'est la porte d'entrée d’Auschwitz. Les deux fils nasaux sont les files de juifs ou  sont les deux  routes qui mènent à là d'où l' on ne revient pas. Les fils nasaux évoquent aussi pour moi la célèbre pluie de cendres, la fumée de cadavre. Juste au dessous du nez, les deux lignes horizontales, c'est là où arrivent les convois. Le blanc de sa bouche symbolise la mort, l'angoisse, et le trou dans la Mémoire. Le bouc rouge du monsieur c'est une flaque de sang. Les contours noirs sont la barbe de l'homme mort. 


 

 


 

Planche N°3: Le gros gland du monsieur mort 

 

Il s'agit d'amour. Le papillon entre les deux femmes pourvues d'un pénis, est un coeur qui symbolise l'union et la tendresse. Derrières leurs têtes, flotte pour chacune un avorton mort. Toutes deux branlent avec leurs sacs de courses un gros gland d'un monsieur mort, qui ressemble à un cerveau. 


 

 
 

 

 


 


 

 

L'ogre des sept lieues et la belle fée vexée 


 

Il s'agit d'un ogre, un géant inquiétant. Il a de grands pieds. C'est l'ogre des sept lieues qui a voulu manger le petit Poucet et ses frères. Nous voyons aussi ses pieds très grands car il est très grand, sa tête est toute petite, car elle est en haut. Cet ogre indique que je suis trop petite, que je me sens trop petite pour trouver mon chemin. Au milieu de son corps, trône et s'élève la mauvaise fée de La belle au bois dormant, celle qui n'avait pas été invitée au  baptême et qui jeta un mauvais sort à Aurore. Elle est très belle et donne de la dignité à l'ogre mauvais et bouffon. Elle porte une couronne en forme de diadème, serti d'un gros diamant noir au front. Elle a de longue manches qui tombent en lambeau et en sang noir. 


 

 


 

 
 
 

Planche n°5: la chauve-souris vue de dos. 

 


 

Il s'agit d'une chauve souris que l'on  voit voler de dos. Nous pouvons la voir mais nous ne pouvons pas voir le paysage qu'elle traverse. 


 


 

 


 


 

 
 

Planche N°6: la vulve très excitante  

 


 

Il s'agit d'une vulve, très excitante. Elle n'est pas ouverte et l'on crève de ne pas savoir ce qu'il y a à l'intérieur. En Haut nous pouvons voir son clitoris gonfler et bander très fort. Cette chatte est très amoureuse, elle est probablement vierge, et elle attend avec beauté, patience et gentillesse. 


 


 


 

 


 

 

 

Planche N°7: les femmes séparées 

 

Il s'agit de deux femmes enceintes qui aimeraient bien se prendre dans les bras l'une de l'autre. Malheureusement leurs gros bedons les empêchent de se rencontrer. Elles sont séparées par la maternité. Alors, comme elles ne peuvent pas se prendre dans les bras l'une de l'autre, elles essaient de se toucher avec le menton, mais elles n'y arrivent pas. Quelqu'un a voulu les torturer, et a posé une bouteille d'eau sur leurs têtes qu'elles doivent faire tenir en équilibre en se tenant d'une manière très particulière. La personne ne vient pas enlever les bouteilles d'eau d'elles, alors les deux dames ne peuvent pas bouger et vieillissent. La personne est un homme. 


 

 


 

 
 

Planche N°8: La colonne vertébrale 

 

 

Cette planche est la planche du secret de la vie. Les couleurs pastelles indiquent l'enfance. Les deux bouts roses sur le côté sont les futurs bébés. Ils peuvent aussi être les deux lions du pendentifs de ma grand-mère, qui protégeaient les deux tables de la lois reçus par Moïse. Au milieu, en bleu-gris, entre les table de la loi, c'est la colonne vertébrale. En bas c'est une chatte apaisée car maternelle et compatissante. A l'intérieur de la chatte un homme orange comme la lumière du jour, ouvre les bras pour accueillir les bébés. 


 


 

 


 

 

 

Planche N°9: Les deux gentils monstres. 

 

Il s'agit avant tout d'un nez dont on voit bien les narines. Une fumée bleue s'échappe du nez; cette personne s'est arrêtée de fumer. Au dessus, en orange, deux monstre gentils font la fête car ils peuvent enfin revivre, ils se sentent enfin libérés. En dessous, ce sont les poumons qui redeviennent roses. 

 
 
 


 

 


 

 
 

Planche N°10: Le monsieur qui se moque de moi. 


 

Il s'agit d'un monsieur avec des lunettes bleues, une moustache verte, qui se moque de moi. Il a les cheveux en " perruque Molière. " Sur sa tête, s'élève la tour Eiffel. Cela veut dire qu'il sait tout. Les trois boules oranges en petit, c'est l'Atomium vue de loin. Je pense qu'il  s'agit de mon père, qui était fâché lorsque je suis partie l'année dernière à Paris. 


 

 


07/04/2013
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Article sans titre

Petite Pépée n'est bien-sûr pas mon vrai nom. j'ai plusieurs pseudos sur le net, mon identité se déclinant, se révélant sous ses multiples facettes sans jamais me révéler moi. L'écriture est une chose bizarre, elle est comme la parole sur le divan, elle dit ce que nous sommes, et ce que nous sommes n'est pas forcément ce que nous faisons. L'identité est beaucoup plus complexe que l'acte ou que le nom.

 

Petite, parce que je suis petite. Et Pépée parce que, jusqu'à preuve du contraire, je suis une femme et aussi parce que j'aimais beaucoup mon pépé, décédé à 68 ans car grand fumeur devant l'E-ternel.

 

C'est à lui que j'en appelle, mais aussi à tous les morts de ma famille, lorsque je signe

 

Petite Pépée.

 


09/02/2013
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