Poésies
Peau d'âne
Pour échapper aux rêves de mon père
Il aurait fallu que ma mère ne soit pas mienne
J'en aurais perdu jusqu'à la peau.
Quelques fois, enfant, on m'emmenait près d'un âne qui chiait de l'or,
Cet âne était comme mon âme : il était doux et têtu.
J'entendais ses hennissements comme des pleurs de cristaux.
Dans la cour, tout le monde se jetait sur ses crottes puisqu'elles étaient d'or,
Et que l'or n'avait pas d'odeur.
J'aimais qu'on me conduise à l'âne, enfant.
Tout le monde n'aimait que son cul sans penser à son système digestif,
Dont l'alchimie était divine et inconnue...
Personne ne soupçonnait qu'on ne sonde pas l'innocence,
Et qu'on ne perce à jour, jamais, ce qui fait la richesse...
Âne
Ta peau protectrice, suintante, familière
Me protégeait des robes de princesses et de toutes les ressemblances.
Tu me permis, mort,
La gestation ultime,
Qui me fit échapper à l'innomable.
Et lorsque le jour mûrit
Mon père, enfin, perdit tout :
Il obtint de moi tout ce que je pouvais lui donner :
d'être, simplement, ta fille.
Ton sourire
Ton sourire se cache derrière tes ailes.
Ton sourire se cache derrière tes ailes d'ange.
Ton sourire se cache derrière un autre sourire qui sourit au monde.
Il y a ton sourire qui donne le change et puis il y a ton vrai sourire.
Ton vrai sourire s'ouvre à la lumière et découvre la sienne.
Ton vrai sourire se cache derrière tes ailes, tes ailes d'ange, il s'ouvre à la lumière et découvre la sienne.
Que j'aime ton sourire, celui qui ne donne pas le change, mais qui sourit vraiment.
Que j'aime le sourire que tu me fais quand tu as vraiment envie de sourire.
Ainsi, sur cette photo, tu es Toi.
La rose
La rose est-elle prête
A éclore ce matin?
La rose est-elle prête
Ou naîtra-t-elle demain?
Dans le jardin j'ai regardé
Fleurir les idées
Les idées des belles roses
Parsemées de rosée.
Mais toi, ma belle,
Que fais-tu donc ainsi?
Tu t'étires dans ta graine
Tu bailles, tu mugis.
Viens donc belle rose
Au jardins des idées
Montrer ta belle robe
Ta robe de mariée.
C.D.U ( Classification décimale Universelle)
C.D.U., quelques fois telle Alice derrière le miroir
Je me perds dans tes méandres
Et, derrière les classifications magiques de ta connaissance
Le livre entre les mains, j'hésite entre ton 3 et ton 1.
Je gravis un à un les barreaux de ton échelle
Et je voyage dans l'Histoire de ton grand H
Parmi ces pairs qui, solitaires, avaient façonné le monde ...
C.D.U, je te sais charnue, étayée, touffue,
Exigente comme le sont les équations à plusieurs inconnues ;..
C.D.U, ah ! Plonger dans l'univers de ton " U "
Brodé par l'étrange trigonométrie
Des rayons de ma bibliothèque ...
Grâce à toi, je voyage au coeurs de tous les domaines
Dont je ne sais rien et que j'explore en surface,
abandonnant ma culture à tes soins précis.
C.D.U, je finirai bien par connaître ton nom
Par extraire de tes lèvres perlées
Toutes tes classes et tous tes noms
Toutes tes ponctuations.
Pour murmurer aux noms des absents,
Le balbutiement des accents de la paix.
Les attributs de Marie
Marie, couche-toi là
Marie, allonge-toi
Marie, retourne-toi
sous toutes les coutures, Marie
Marie, sainte Vierge
Marie, Prie pour nous
Marie couche -toi là
Je te salue, Marie
Marie n' hurle pas
L'annonce faite à Marie
Marie, Madeleine
Marie ,mère de tous
Marie, couche-toi là