Romance
Ce soir-là je voulais juste que tu le passes entre mes jambes, que quelque part tu te niches à l'intérieur de mon corps, que mon ventre soit ta maison, ton territoire, ce soir -là je voulais juste m'allonger et attendre, fermer les yeux et comprendre, fermer les yeux et naître. Ce soir-là ça a commencé par un déchirement, par une claque dans ma gueule, par un " tu aimes ça salope". En préambule tu m'avais emmenée dans un bon restaurant, c'était dans un hôtel dont le nom me faisait rêver. Je crois que j'ai vu s'inscrire le nom de cet hôtel dans un conte de fée. Tu m'as fait boire du champagne et plusieurs fois j'ai levé mon verre vers tes yeux qui étaient si haut pour moi, plusieurs fois j'ai levé mon verre vers ton regard qui me regardait de haut, vers ton front qui me faisait front, vers toi qui m'attirait. Plusieurs fois j'ai levé mon verre vers ce Dieu qui juge, vers ce Dieu qui se tait et observe les filles qui comme moi ne lèvent jamais leur verre à la santé de quelqu'un ou a une quelconque réussite, mais qui toujours lèvent leur verre parce qu'un homme a bien voulu leur sourire, parce qu'un homme a bien voulu les payer, parce qu'un homme a bien voulu les épouser.
Tu étais si beau ce soir-là et tu avais l'air si bienveillant. Tu avais la bienveillance des hommes qui ont envie de tirer leur coup, de cracher à l'intérieur, tu avais la bienveillance des hommes qui n'en peuvent plus d'attendre, que leur femme frustrent à force de passivité, à force de désir d'enfant, à force de migraine. Tu étais bienveillant avec moi parce que je voulais bien, parce que je n'étais pas contraire, parce que je te comprenais. Tu étais bienveillant avec moi parce que rien ne me dégoûtait, pas même par ce que je n'aimais pas.
Ce soir-là nous n'avons ni parlé de ta femme ni de tes enfants, ce soir-là nous avons fait comme si nous étions seuls au monde, comme si c'était la première fois qu'on se rencontrait. Ce soir -là je n'ai rien su du prénom de ta petite fille qui commence par un "A", ni des difficultés de ton petit garçon à passer des maternelles aux primaires. Tu ne m'as pas parlé de l'obsession de ta femme à ce que tout soit bien propre dans la maison, de sa faculté à t'humilier et de ton incapacité à répondre, à lui foutre une trempe, à lui prouver que t'es un homme. Tu es trop gentil t'ai-je dit plusieurs fois lors de nos conversations par mail, Ce n'est pas parce que tu es un homme que tu dois te laisser faire. Mais à chaque fois tu m'as répondu qu'on ne frappe pas une femme, qu'on ne l'humilie pas, et bien-sûr tu ne m'as pas parlé de ta mère qui t'a toujours empêché d'être un homme, de cette mère insupportable qui a lavé ton linge jusque passé tes 20 ans, de cette mère abusive, castratrice, qui, inconsciemment sûrement, devait chercher dans tes draps une goutte de sperme qui ne lui était pas dédiée. Et si tu ne m'as pas parlé de la violence quotidienne, souterraine de ta mère, tu ne m'as pas parlé non plus comme à ton habitude, de ton père qui ne t'a jamais compris, qui t'a toujours fait peur, qui a toujours hurlé sur toi. De ton père crevant d'un lent Alzheimer dans une maison de repos que ta situation permet aisément de payer. Ce soir-là nous n'avons pas parler de nos deux vies de merde, étalées sur des facebook et sur des twitter, repliées sur elles-mêmes lorsqu'il faut se taire pour aller au boulot mais pourtant exhibées à prix de rien sur les écrans.
Les bulles de champagne s'éclataient joliment contre mon palais et la nuit était merveilleuse. Avec un petit sourire et sur la ton de la confidence, tu m'as promis que j'allais payer pour toutes les autres, et que de toutes façons tu me méprisais parce que c'est ça que je voulais. Je n'ai pas su quoi te répondre. J'aurais pu te répondre à la féministe, qu'heureusement qu'il y avait des filles comme moi aux yeux pas trop regardants. J'aurais pu te répondre que ça aurait été bien qu'une fois de temps en temps, un homme sache ce qu'il veut, ou bien une baiseuse ou bien une bobonne qui enfante. J'aurais pu tout simplement te jeter mon verre à la gueule et partir en levant le menton. Le problème c'est que ce que tu m'as dit m'a excitée si fort que j'ai senti une levée de chaleur envahir tout mon ventre, puis s'étendre jusqu'à mon coeur qui battait trop fort. Le problème c'est qu'au moment où tu m'as dit que tu me haïssais pour ce que j'étais je me suis sentie irrémédiablement attirée par toi. Le problème c'est qu'au moment où tu as commencé à devenir méchant j'ai cessé d'avoir pitié de toi pour tomber amoureuse. Alors je n'ai rien dit. Je me suis laissée insultée en rougissant, et en sentant la mouille qui m'incommodait de plus en plus à chaque nouvelle insulte. Tout bas, mais devant tout le monde tu n'arrêtais plus de me rabaisser, de m'insulter, de m'humilier. Petite salope, tu n'attends que ça une bonne queue dans ta chatte mouillée, petite pute. Tout bas, tu me faisais des promesses, Je vais te défoncer, tu vas en oublier ton nom, je vais te donner envie d'hurler mais je t'obligerai à fermer ta gueule. Quand je sortirai de toi, tu regretteras de ne pas être morte et plus jamais tu ne me verras. Tu seras tellement accroc à ce que je t'ai fait que tu regretteras de m'avoir connu. Avec ton doigt tu me caressais le cou, tu chipotais aux lobes de mes oreilles, tu tirais sur mes lourdes boucles d'oreilles en argent. Tu me faisais un peu mal et j'aimais ça.
Nous sommes monté dans l’ascenseur qui nous menais jusqu'à notre chambre.
Ce soir-là je voulais juste que tu le passes entre mes jambes, que quelque part tu te niches à l'intérieur de mon corps, que mon ventre soit ta maison, ton territoire, ce soir -là je voulais juste m'allonger et attendre, fermer les yeux et comprendre, fermer les yeux et naître. Ce soir-là ça a commencé par un déchirement, par une claque dans ma gueule, par un " tu aimes ça salope". Oui j'aimais ça. J'en suis tombée par terre. Tu as continué à me rouer de coups. La douleur avait endormi mes membres et c'était délicieux.Tu m'as traîné sur le lit, tu as empoigné mes cheveux, tu t'en es servi pour tirer ma tête en arrière, pour que je t'offre ma gorge. Tu es rentré en moi sans aucune forme de procès, sans préliminaire. De toute façon je n'en avais pas besoin, tu m'avais travaillé toute la soirée. Avec tes mains tu as serré plusieurs fois ma gorge. Plusieurs fois j'ai eu peur de mourir sans y croire vraiment. Et puis, tu as joui. Ca n'a pas duré longtemps. Cinq minutes tout au plus. Mais c'était génial. Quel bon moment j'ai passé. Tu es parti en déposant un baiser sur mes lèvres : " ne t'inquiète pas, la chambre et le repas sont payés, à bientôt ma petite chérie.
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