Le blog de Petite Pépée

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Toi ( 5 )

Il faut bien l'avouer, les choses ont commencé à être encore plus compliquées entre nous à partir du moment où je t'ai voulu dans mon ventre. Avant cela, tu n'étais qu'un garçon que j'avais aimé, sans doute le premier, le premier à m'avoir regardée alors que j'avais 15 ans et à m'avoir signifié j'étais une femme. D'ailleurs si je tiens encore tellement à toi, si je tiens à toi par delà les années, c'est sans doute que je suis née femme grâce à toi, à 15 ans. A quinze je suis sortie de ta côte, à 15 ans je suis née et ni toi ni moi nous en sommes rendus compte. Lorsque j'avais 15 ans tu étais mon Dieu et ne voulant pas me chasser du paradis, tu le fis. Tu me chassas de ton Eden et me condamnas à rester vierge jusqu'à mes 17 ans. Ensuite, lorsque tu m'es revenu, j'en avais 18.

 

Je n'étais plus tout-à-fait cette femme que tu avais connue car mon hymen était tranché, mon ventre n'était plus un continent à conquérir, d'autres que toi y était allé. Aujourd'hui je me demande si en apprenant que tu n'as pas été le premier tu as regretté de ne pas m'avoir connue plus tôt bibliquement parlant... En tout cas lorsque je te l'ai annoncé tu m'as raccompagnée chez moi sans mot dire, cela  signifiait que tu étais fâché. Quelques jours après tu est revenu.  Je suis descendue en bas de l'immeuble et tu m'as dit qu'on allait faire un tour ; tu avais un cadeau à m'offrir. Il faisait froid, c'était l'hiver, bientôt ce serait la nouvelle année. Nous sommes allés dans un petit parc, et là, de la manche de ton gros manteau tu as sorti une peluche : c'était un petit lapin blanc, la seule peluche que tu avais chez toi m'avais-tu raconté. Tu l'avais gagné un jour à la foire du midi et tu me l'offrais. Je t'ai demandé comment le lapin s'appelait et tu m'as dit que tu ne savais pas, que d'ailleurs tu t'étais demandé si c'était un lapin ou une lapine parce qu'il avait un petit pantalon dont les couleurs et les motifs t'évoquais plutôt la féminité. Je t'ai alors répondu que peut-être c'était un lapin transexuel et tu as rigolé. J'étais contente de ton cadeau car tu me donnais vraiment quelque chose de toi, ce que tu n'avais jamais voulu faire avant.

 

Avant tu ne m'avais jamais rien donné de toi sinon ton image d'Homme innacessible qui m'avait un jour regardée. Je ne savais pas où tu habitais, je ne connaissais pas ton nom de famille, tu ne me donnais rien même pas rendez-vous : tu venais sonner à mon immeuble lorsque ça te chantait et moi j'étais capable de t'attendre des jours et des jours, c'est-à-dire plus précisément que j'en étais incapable et je n'avais que toi à la bouche, M'a-t-il oubliée, Ne m'aime-t-il plus , Va-t-il revenir, Pense-t-il  à moi ? Et puis j'ai fait comme l'a chanté Barbara : Si tu ne comprends pas qu'il te faut revenir/Je ferai de nous deux mes plus beaux souvenirs/ Je reprendrai la route, le monde et mes merveilles, j'irai me réchauffer à un autre soleil/ Je ne suis pas de celles qui meurent de chagrin/Je n'ai pas la vertu des femmes de marin.

Non c'est vrai je n'en n'avais pas la vertu, d'ailleurs quelle autre vertu ai-je jamais eue sinon cet hymen qu'ont possédé toutes les autres ? Je suis retournée chez mes parents avec notre petit lapin dans les bras et avant de rentrer chez moi je t'ai demandé si un jour je verrais ta maison, si je verrais la chambre où tu dormais, si je pourrais rencontrer ta mère. Tu m'as promis que oui, et tu m'as dit que tu avais un ami chez qui nous pourrions passer quelques soirées. Je n'avais pas compris que tu voulais dire par là que puisque je n'étais plus vierge tu voulais pourquoi pas en profiter, maintenant tu voulais bien faire l'amour avec moi.

 

***

 

Ton ami avait un bel appartement signifiant qu'il était riche, cela m'avait étonnée que tu connaisses quelqu'un de riche. Ce qui m'avait plu c'était l'aspect tamisé de cet appartement, il y avait plein de petites lumières partout faisant des pieds de nez à l'obscurité, ne renvoyant que le meilleur de nous-mêmes et de nos corps, des petites couleurs pastels bleues, vertes, violettes, mais pas d'ampoule jaune à nu annonçant le pire, éclairant la crasse et la graisse. J'étais étonnée aussi que tu connaisses un belge dont le prénom avait des consonnances allemandes , je pensais que tous tes copains auraient des prénoms à consonnances  maghrébines, africaines, turques. Ton ami roulait des joints mais tu ne voulais pas que je fume, pourtant je t'avais dit que j'avais déjà fumé, mais tu t'étais mis dans la tête que tu pouvais à la fois fumer devant moi et me faire la morale. Toute la soirée je l'ai passée sagement dans le grand canapé à baver sur ce joint que tu faisais tourner entre lui et toi, moi j'accrochais mes narines à la fumée espérant me stoner un peu. Puis tu as demandé à ton ami de sortir et pour la première tu m'as embrassée.

 

Nous étions allongés dans le divan, au début tu n'étais pas content de ma façon d'embrasser, tu croyais même que je t'avais menti : je ne connaissais rien à l'amour. Tu me disais " Donne ta langue, donne ta langue ", et je te répondais en riant que je la donnais, ma langue, mais tu me fis vite comprendre que je ne te donnais rien. Il me fallut faire un effort et ouvrir grand mes lèvres, tendre ma langue jusqu'au bout, jusqu'à en avoir un peu mal et laisser la tienne s'enrouler autour pour la soulever, l'arracher un peu. Avec toi j'ai appris le baiser profond, après toi je ne pourrais plus jamais embrasser comme avant. Je te demandai alors si ça te plaisait mieux  comme ça, et tu me dit " C'est parfait ".

 

La façon dont tu m'embrassais laissait présager de la façon dont plus tard tu me ferais l'amour : toujours un peu brutal, toujours en m'empoignant, toujours dur, sec, fort, vite, violemment, alors que tous les autres garçons avaient passé leur temps à me caresser pour me faire monter, à me lécher le clitoris et le bout des seins, jamais tu ne t'encombrerais de ses détails pour me montrer que tu m'aimais, pour  me faire sentir que tu t'occuperais de moi, toujours tu me donnerais directement et immédiatement le meilleur de ton être au dedans de moi, le meilleur de ton âme et de ta force en me compressant, en me rendant comme une petite poupée de chiffon dans tes bras. Mais ce soir-là chez ton ami ce n'est pas ce qui s'est passé car j'avais pris peur. Toi qui passais ton temps à insulter toutes les femmes, qui n'avais pas voulu m'avilir lorsque j'étais encore vierge, tu me demandas si je voulais coucher avec toi, et pour me rendre respectable à tes yeux  j'ai prononcé ces mots : " Qui me dit, si je couche avec toi , que je te reverrai demain ? " Lorsque tu entendis ces mots tu as eusune réaction que je n'aurais jamais attendue de toi : tu m'es mis à pleurer dans mes bras.

 

La semaine suivante, nous nous étions donné rendez-vous chez ton ami pour fêter la nouvelle année ensemble. Je t'ai attendu toute la soirée. Je n'avais pas couché avec toi,  j'avais tenu bon , je n'étais pas une fille facile. Mais je m'étais trompée : ce soir-là tu m'avais vraiment voulue, et je t'avais une nouvelle fois trahi. Et à minuit, tu n'es pas venu.

 

***



05/09/2015
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